La question de l’énergie, qu’il s’agisse de son coût, de son impact ou encore des ressources disponibles, est au centre d’enjeux sociétaux et environnementaux qui nous touchent tous. Le secteur de la construction est évidemment au cœur de ces sujets, et le développement et la recherche en matière d’énergies renouvelables font partie de ces évolutions que nous suivons de très près.
Virginie Gamboa de GRDF nous accompagne dans ces transitions et dans le choix des solutions énergétiques adaptées à chaque projet. Cela a été le cas pour l’ensemble des Villas Alexandre à Feigères, un programme pour lequel nous avons choisi le biométhane produit localement comme ressource énergétique.
Mais quelles sont les caractéristiques et les particularités de ce gaz vert ? Virginie Gamboa a répondu à nos questions.

En quoi consiste votre rôle au sein de GRDF ?

Cela fait 5 ans que je travaille sur le secteur de la Haute-Savoie et de la Savoie pour GRDF. J’accompagne les maîtres d’ouvrage dans leurs projets de construction de logements neufs ou de rénovation en les conseillant sur les solutions énergétiques les plus adaptées ainsi que sur la mise en œuvre technique de celles-ci pour alimenter les systèmes de chauffage et de production d’eau chaude des habitations. Il s’agit d’être au contact des acteurs du logement et en amont des projets afin de définir ensemble quelles sont les meilleures solutions en fonction des contraintes et caractéristiques de chaque projet.

Le gaz vert, c'est quoi exactement ?
Le gaz vert est actuellement produit essentiellement via le procédé de méthanisation qui est le résultat d’une valorisation de la biomasse, c’est-à-dire de tout ce qui relève des déchets organiques, de boues d’épuration et de résidus agricoles. Le gaz vert est donc une énergie produite localement et renouvelable.

Mais ce n’est pas le seul procédé, il existe plusieurs technologies permettant la production de gaz vert ou biométhane avec 3 filières :

• La méthanisation est le procédé permettant de produire du biométhane à travers les boues d’épuration ou les résidus agricoles. Portée majoritairement par le monde agricole, il s’agit d’une filière très dynamique. Avant d’être un procédé de production d’énergie renouvelable, cette technologie est avant tout un moyen pour les agriculteurs de traiter leurs déchets et d’éviter d’épandre des engrais chimiques. C’est une solution qui répond à leurs problématiques dans un modèle d’économie circulaire.

• La pyrogazéification est un procédé de pyrolyse des déchets secs ou liquides permettant de produire du gaz vert à partir de déchets chauffés à plus de 1000 degrés avec une faible quantité d’oxygène permettant d’entrainer une décomposition des matériaux en gaz. Une façon de réduire nos déchets tout en produisant une énergie propre.

• La méthanation est un procédé industriel qui vise à créer un gaz appelé méthane de synthèse à partir d’une réaction chimique ou biologique combinée avec de l’hydrogène et du dioxyde ou du monoxyde de carbone.

Le biométhane issu de la méthanisation représente la filière la plus mature à ce jour, les deux autres procédés sont en cours de développement et permettront de diversifier la filière en fonction des logiques territoriales mais aussi de répondre aux besoins et aux ambitions que nous nous fixons à l’échelle nationale.

Revenons sur la méthanisation, comment ce gaz vert est-il distribué ?
L’idée de la méthanisation est de valoriser le carbone capté par les matières organiques. A partir de cette décomposition des déchets dans des cuves hermétiques, le biogaz se libère. Il est épuré, odorisé, comprimé et compté avant d’être injecté dans le réseau de gaz. Les réseaux existants s’adaptent pour accueillir la production de gaz vert sur le territoire à coût maîtrisé. Si le procédé de la méthanisation existe depuis longtemps, c’est celui de l’injection de ce gaz vert dans le réseau de distribution qui est novateur et date d’une dizaine d’années seulement. Le réseau gazier avec ses 200 000 km présents en France, propriété des collectivités, est un formidable patrimoine industriel à la disposition de tous les acteurs locaux, qui contribue à décarboner les territoires grâce à une énergie qui sera totalement renouvelable d’ici 2050.

Quels sont les objectifs de GRDF en termes de production de gaz vert ?
Le gaz vert est un véritable atout pour la transition écologique et il a les mêmes propriétés que le gaz naturel. Le développement de cette énergie va permettre de diminuer notre impact sur le réchauffement climatique. Selon la loi relative à la Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), 20% du gaz consommé en France d’ici 2030 sera d’origine renouvelable. C’est notre cap avec une production envisagée de 40 à 50 TWH en sachant que 12 TWH permettent aujourd’hui d’alimenter l’équivalent de 3 000 000 de logements neufs en France. Notre trajectoire à l’horizon 2050 vise 100% de gaz renouvelable, un scénario appuyé par l’ADEME et réalisable en y associant sobriété et efficacité énergétique.

Le programme Villas Alexandre de Sogimm à Feigères est alimenté par ce biométhane, comment cette collaboration a-t-elle initiée ?

Nous avons des échanges réguliers avec la direction technique de Sogimm. Comme nous sommes très en amont des projets, lorsque le programme de Feigères a été évoqué, j’ai informé Sogimm qu’une unité de méthanisation (Green Gas Viry) était en cours de construction sur le secteur du Genevois, projet soutenu par la Communauté de Communes du Genevois Français. Cela nous a permis d’ailleurs de communiquer sur ce choix énergétique dès la phase de commercialisation et certains acheteurs sensibles à la question environnementale se sont retrouvés dans ce parti pris. Ce choix est cohérent à tous les niveaux. En choisissant de soutenir la production de gaz vert, cela permet non seulement de décarboner le chauffage de ces logements mais cela créé aussi du lien avec les agriculteurs qui sont parties prenantes de cette production locale. Sogimm montre à travers ce choix son engagement sur ces questions sociétales et environnementales.

C’est une façon de répondre aux enjeux actuels tout en valorisant de manière plus indirecte les pratiques agro-écologiques et l’agriculture française. C’est un vrai système vertueux, d’autant plus que l’on parle d’une énergie totalement renouvelable. Afin que chacun s’approprie le sujet, nous avons distribué des plaquettes pédagogiques aux résidents et nous prévoyons une visite de l’unité de Green Gas Viry.

Côté utilisateurs, qu'est-ce-que ce procédé change pour eux ?
Pour les usagers, l’équipement est le même. Ils retrouvent un système de chaudières à très haute performance énergétique (THPE) qui sont de surcroit des équipements durables et produits par une filière d’excellence en France. Donc au quotidien cela ne change pas les habitudes et le gaz vert répond en tous points aux besoins de chauffage et de production d’eau chaude. Sur le plan économique, la transition énergétique se fait sur les équipements existants sans surcoût pour le consommateur. A travers ces procédés, les usagers profitent de logements décarbonés qui ne nécessitent pas de créer de nouveaux aménagements ; nous utilisons les mêmes réseaux et les mêmes équipements. Ce qui veut dire que ces opportunités de transition s’adaptent aussi très bien aux projets de rénovation. Certains bailleurs sociaux font d’ailleurs le lien avec le traitement des biodéchets et encore plus depuis la mise en application de la loi AGEC en 2024 (Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire).

Green Gas Viry est une des unités de méthanisation de Haute-Savoie, comment le territoire est-il maillé ?
En Haute-Savoie, il y a 23 unités de méthanisation dont 9 qui injectent sur le réseau gaz. 4 d’entre elles sont reliées à des stations d’épuration et les 5 autres à des exploitations agricoles. Cette production représente l’alimentation de l’équivalent de 18 250 logements neufs chauffés au gaz vert.

Pour en savoir plus sur ce programme neuf livré fin 2023 : Référence Villas Alexandre à Feigères